vendredi 2 octobre 2015

3. Un article dans l'hebdomadaire Settimana à propos de l'Ode à la Corse...

Donc, merci à Antoine Albertini, journaliste responsable de l'hebdomadaire Settimana pour la publication de mon article sur ce très important sujet (selon moi...). Voici une photo puis le texte de l'article :




Qui a écrit « L’ode à la Corse » d’Antoine de Saint-Exupéry ?

Une question étrangement posée me sert de titre, car j’espère que les lecteurs trouveront un moyen de m’aider dans une quête peu banale…
Elle concerne l’identité de l’auteur (homme, femme, corse ou pas ?) et les circonstances d’écriture (quand, où, pourquoi ?) d’un poème qui circule depuis des décennies, en Corse, sous le titre « Ode à la Corse » et qui, depuis des décennies, est attribué à Antoine de Saint-Exupéry. Par exemple, dans les ouvrages Corse, île de beauté de Dom J. B. Gaï (éditions Arhaud, 1961) ou La Grande aventure des Corses de René Sédillot (Fayard, 1969).

Or, personne n’a encore jamais produit la preuve que ce poème est bien de l’auteur de Citadelle et du Petit Prince. Je n’ai encore jamais vu ce texte être référencé précisément quant à sa première édition : date, éditeur, nom de l’éventuelle revue, titre du livre qui contiendrait ce poème… J’ai pu discuter avec les responsables de la Fondation Saint-Exupéry et ils m’ont répété qu’ils ne connaissaient pas ce texte. En outre, l’analyse des propos tenus dans ce poème nous conduit à ne pas reconnaître le style et la pensée de Saint-Exupéry ; il n’écrit plus de poème depuis son adolescence, les notions de péché et de salut ne le concernent pas, il n’a pas pour habitude de décrire ainsi les paysages…
Alors ? Qui a écrit « L’ode à la Corse » ?

Le doute sur cette affaire a rarement été publiquement émis, sinon, autrefois, dans mon souvenir, sous la plume de Dominique Mondoloni (dans la rubrique « La boîte à malices » dans Corse-Matin), et plus récemment par Thierry Ottaviani, dans son ouvrage La Corse des écrivains (éditions Alexandrines, 2013). Car, tout du moins dans l’espace public et médiatique, il y a quasi-unanimité pour s’en tenir à cette attribution.Le dernier exemple en date est le dossier consacré aux écrivains venus ou ayant rêvé de venir en Corse et qui s’inspirèrent de leur séjour dans leurs écrits (comme Mérimée, Maupassant, Flaubert…), publié dans le numéro de A Settimana du vendredi 18 septembre 2015.

Je dois avouer ici que je suis très perplexe : comment une telle attribution a-t-elle pu ainsi traverser les âges ? Pourquoi se contente-t-on de reproduire, sans regard critique, une telle information ? Est-ce parce qu’il serait inconvenant de remettre en cause une appréciation positive sur l’île d’autant plus qu’elle viendrait d’un grand auteur ? Il me semble que nous avons bien assez d’appréciations correctement attribuées (positives et négatives) sur la Corse pour pouvoir nous passer d’une qui semble extrêmement douteuse… Est-ce parce que le sujet semble dérisoire ? Mais comment peut-on le trouver dérisoire quand il engage la recherche de la vérité ? Enfin, qui est le véritable auteur de ce poème ? Comment ce poème a-t-il pu ainsi devenir une sorte de machine à fantasmes et à fiction ?

J’ai, dans le passé, cherché à réfléchir publiquement à ces questions sur mon blog « Pour une littérature corse » (où le lecteur peut se rendre encore et retrouver facilement les différents billets qui évoquent ce sujet ainsi que différentes versions du poème). Peut-être que ce nouvel appel permettra d’arriver au but ?

François-Xavier Renucci

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire