Je veux ici remercier les quarante personnes qui sont venues écouter le dialogue que nous avons eu, Benoît Reynaud et moi-même pour parler de mon roman "La toile souveraine. Pour un Saint-Exupéry", ainsi que les lectures (quatre) faites par Laurent Kiefer. Evidemment, je remercie aussi ces deux amis d'avoir bien voulu m'accompagner dans cet exercice toujours délicat de parler d'un livre...
La soirée s'est passé à merveille. Merci à la librairie Goulard pour son accueil !
Que dire ? Je suis heureux que la diversité des aspects du roman ait pu être mise en évidence ce soir-là. C'est d'abord un roman "sentimental" : au coeur, il y a l'amour, l'amitié, l'affection. Amitié déchirée, amour incertain. Affection parfois ridicule pour les oeuvres d'art...
Je ne ferai pas ici de compte rendu exhaustif, comme je tentais de le faire du temps du blog sur la littérature corse. Je me contente d'une liste des sujets abordés :
- les oeuvres précédentes ("Un lieu de quatre vents", "Eloge de la littérature corse"), leurs liens avec ce roman (une même idée de la littérature comme art collectif...)
- auteur corse, auteur tout court ? (tout adjectif me convient s'il est utile pour enrichir la lecture d'un livre ; donc auteur tout court et auteur corse !...)
- le poème attribué à Saint-Exupéry (toujours un mystère, intuition forte qu'il n'est pas de lui ; cette attribution révèle le désir de se voir complimenter par un grand auteur ; discuter de cela relève du combat...)
- le lien entre Saint-Exupéry et le personnage de Jacques Casanova (une situation marginale, oscillant entre enthousiasme et désespoir, voir "l'étrange satisfaction" de Saint-Exupéry dans sa dernière lettre du 31 juillet 1944...)
- une vision de la société corse (en partie seulement, vision subjective : le champ public surinvesti par les discours politiques et l'imaginaire identitaire, pas ou peu de place pour les réalités sociales et sentimentales, une violence fascinante ou écoeurante, un désir d'y vivre autre chose, une société sans amour...)
- la composition du roman (trois parties, trois moments de l'enquête littéraire de Jacques Casanova, de plus en plus délirante et erratique : Saint-Ex a-t-il écrit cette "Ode à la Corse" ? Saint-Ex a-t-il écrit des pages de Citadelle en Corse ? Saint-Ex s'est-il suicidé ? Peut-on trouver les photographies de la dernière mission de Saint-Ex ?...)
- écriture cinématographique ? (non, peu de descriptions, peu de passages qui fassent image, comme chez Stevenson et Conrad, auteurs adorés ; par le montage des dialogues et autres prises de paroles, oui...)
- roman comique, roman heureux (je voulais qu'il se termine "bien", contrairement à Sous le Volcan de Lowry, une de ses sources...)
- la présence importante du Cantique des Cantiques (un texte entre les deux membres du couple, un objet tiers nourrissant l'amour, un texte érotique sublime et allégorique, sujet à discussions passionnées et amoureuses, un contrepoint essentiel au poème "Ode à la Corse" miné par le péché et la souffrance...)
- le titre ("La toile souveraine" : mots de Saint-Exupéry faisant allusion à un remède médical ancien, maintenant interdit, motif des draps qui soignent et apaisent... écho avec le tableau de la couverture, un "Saint-Jérôme et le lion", un homme soignant un animal souffrant peu commode... ; "Pour un Saint-Exupéry" : double sens : l'enquête de Jacques se résume à des éléments épars, un dossier incomplet en vue d'un improbable ouvrage sur Saint-Exupéry, mais aussi une adresse à Saint-Exupéry...)
Deux questions dans le public :
- pourquoi le passage du personnage au Centre Beaubourg pour aller voir les oeuvres de Joseph Beuys ? (désir de passer à autre chose, ou plutôt à une variation : Beuys pilote de guerre comme Saint-Exupéry, abattu, mais sauvé, couverture de feutre faisant écho à la "toile souveraine"...)
- pourquoi toutes ces ellipses ? (roman sans narration unique qui lierait tous les éléments, montage de voix, tout n'est pas raconté par les personnages et le lecteur a beaucoup de travail à faire pour combler les vides, plaisir de l'allusion, et cette histoire est celle d'amours et d'amitiés trouées d'absences, de silences...)
Merci à toutes les personnes venues acquérir le roman et me demander une dédicace !
Nous avons ensuite pu partager un petit apéritif... avec un Pécharmant, Château de Tiregand, près de Bergerac, vignoble tenu par... François-Xavier de Saint-Exupéry ! Mille mercis à lui pour l'envoi de carton de bouteilles ! Un très bon vin, charpenté, qui nous a servi de clin d'oeil à l'une des toutes premières lectures d'enfant d'Antoine de Saint-Exupéry :
"À quatre ans et demi, je brûlais du désir de lire un vrai livre. J'avais trouvé, au fond d'un vieux coffre en bois rempli de catalogues et de prospectus jaunis, une brochure sur la fabrication du vin ; et, tout incompréhensible qu'elle me fût, je la lus de la première à la dernière page : chaque mot me captivait. Ce fut là mon tout premier livre."
Citation extraite de son article pour la revue américaine Harper's Bazaar, avril 1941, intitulé "Quelques livres dans ma mémoire".
Rendez-vous à Forcalquier le 8 décembre ! Et peut-être ailleurs...
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